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Date de création : 23.12.2010
Dernière mise à jour : 28.04.2012
22 articles


Day 5 - Day 14

Publié le 28/04/2012 à 14:04 par pandablog
Day 5 - Day 14

 

Inachevé : Qui n’est pas achevé

Voila ce que la muse wikipedia de l’inspiration vient de m’annoncer…et elle n’a pas tord la bougresse toute emmitouflée dans ses définitions et sa tête de prof de francais qui inspire le respect mais aussi une certaine étroitesse d’esprit à certains moments.

Donc achevons ! Je m’exécute (rien à voir avec un quelconque acte suicidaire)

Day 5 – Day 14

C’est donc sur un rythme 100% rural, à l’exception des week ends, que j’ai réalisé l’intégralité de ma mission. Une vraie petite poule, levé 6h30, couché 19h30…et quand je pense que je repoussais parfois mon réveil jusqu'à 7h j’en ai presque honte. Bon, j’agrémentais certains soirs d’épisodes de Breaking Bad que j’avais soigneusement emporté avec moi…trop addictif pour m’arrêter 2 semaines.

Une fois habitué au système de douche on s’apercoit quand même avec joie (passé la première bassine d’eau froide dans le dos et le rictus facial associé) de la simplicité et du calme qui nous entoure…enfin qui m’entoure parce que pour le coup on est pas embêté par la foule. Juste les mêmes vaches, chevaux, poules qui passent. L’impression de vivre quotidiennement un épisode de Martine à la ferme vu de l’intérieur.

Tous les matins c’est Mamoun la cuisibière et son petit dej à base d’œufs, tomates, oignons…et parfois spaghettis. Je sais pas ce qu’on leur a dit sur notre régime alimentaire mais faut étriller le bonhomme qui a sorti ca. Je ne me sentais pas de lui dire que je préférais un bout de pain avec du beurre…y a des choses que parfois il vaut mieux garder pour soi. Ma connaissance des échanges culturels haitiens étant relativement limitée et l’envie de ne pas blesser autrui l’emportant sur mon éthique et mes habitudes alimentaires.

Moment clef de la journée : le départ pour l’école. Je vous peinds l’ambiance au rouleau à laque : soleil levant, terre rouge imprégnée de la fraicheur matinale, chaleur à peine perceptible, bruits des fermiers dans le lointain, écoliers des villages environnants qui me lancent des bonjours…ouais, de simples moments ou le fait d’aller travailler reste juste un point dans ce trait de sérénité.

Arrivé à l’école on reprend ses esprits, on démarre le groupe électrogène, les postes de travail et c’est partie pour 4h studieuses a potasser le dépannange d’un PC, l’utilisation d’une souris (et je peux vous dire que pour certains c’était pas gagné, mais l’évolution fut juste flagrante), l’écriture de documents. Ce qui est marquant chez les haitiens (même combat que pour les indiens) est cette volonté d’apprendre et cet interet constant. Bon il faut évidemment leur porter une attention particulière et adaptée mais ils sont demandeurs et c’est ca qui fait aussi l’interet et l’essence (d’un point de vue carburant, ouais j’ai trouvé que ca) de la formation. Ponctuation de la séance matinale par du chassé de poules…elles aussi semblaient s’interesser à mes cours, j’ai même vu des poussins se jeter contre les barreaux de leur grille pour pouvoir utiliser le notepad…ou je l’ai rêvé, je ne sais plus J

Au final la difficulté principale fut la patience nécessaire et la pédagogie de répétition que l’on est obligé d’utiliser. Autre complexité : sortir des schémas de mécanismes et d’habitudes. Leur demander de réaliser la même action tous les jours ne pose pas de problèmes, ils ne sont pas touchés par le syndrome du poisson rouge. Par contre changer un peu la donne en réalisant l’action à l’envers (baptisé le computing moonwalk par myself) ou en leur demandant d’expliquer le sens de chaque action devient déjà moins aisé. Je m’amusais donc à les mettre dans des situations de réflexion et d’analyse…on arrive ainsi facilement à identifier celles et ceux qui ont cherché à comprendre ce que je leur demandais. Pour les autres je les ai mis nu sur un champ avec des miettes sur le ventre et j’ai laché sur eux 100 poules (+ 200 poussins fans du notepad)…non je déconne J Bien au contraire, sur 2 semaines j’ai plus orienté mon effort sur les plus faibles tout en donnant des exercices plus complexes aux ‘meilleurs’. Le top étant de voir leur comportement lorsqu’on met un bon avec un moins bon (même si je n’aime pas vraiment le terme) : très souvent le plus doué aide l’autre et le bouscule même pour qu’il y arrive. Parfois en lui faisant aussi son exercice, et c’est la que je traverse la salle de cours de 2m2 en rondades pour intervenir.

Au final ils ont été les premiers demandeurs d’un support de cours avant même que je leur en parle. A l’heure ou j’écris j’espère qu’ils auront pu mettre en pratique ces quelques connaissances et surtout les améliorer…difficile à dire au vu des capacités informatiques de l’endroit. Mais vu comme je les ai saoulé, je suis sur qu’ils se rappelleront de ce qu’on a fait même quelques années plus tard en disant : il nous a bien cassé les bonbons le prof tout blanc qui chassait les poules J

Les matinées se terminant c’était le chemin inverse vers la maison dans une toute autre ambiance que je vais vous dépeindre cette fois à la bombe facon street art : soleil de plomb, terre rouge imprégnée de l’humidité de mes gouttes de sueur, air à peine perceptible, bruits de ma respiration suffocante dans le lointain, écoliers des villages environnants qui me lancent des ‘bonjours ca va monsieur ?’…ouais, de simples moments ou le fait d’aller manger reste juste un point dans ce trait continu de canicule.

Bref, Mamoun Paradise Burger & Pasta de 12h30 à 13h00…la ou je me serai contenté d’un gazpacho voir d’un seau a glacon en pleine face, me voila avec une montagne de riz, de beignets de bananes, de morceaux de cabri…okééééééé. Donc 1 fois sur 2 je m’esquivais pour une sieste de 15 minutes avant de reprendre le trajet de l’école pour la session d’aprem. En 2 semaines je n’ai pas réussi à m’habituer à la chaleur, truc de fou. Si j’avais pu me déplacer dans un frigo à roulettes j’aurais dit Banco !

Retour pour les cours de l’après midi que j’effectuais soit dans la salle de cours d’Opadel avec les poules pour l’acquisition des bases informatiques soit dans la tente de cours sans les poules destinée aux primaires et qui disposait du système de pédagogie numérique déployé par Haiti Futur sur plusieurs sites pilotes du pays. Assez etonnant de retrouver un système aussi novateur à base de rétroprojecteur, pc et stylet dans un endroit aussi reculé. Mais après avoir vu quelques sessions de cours prodiguées par des enseignants, il s’avère que le système marche très bien et accroche les élèves . Mes étudiants de l’après midi étant des enseignants, la pédagogie est différente et le niveau d’accroche également. La population allant de 25 ans à plus de 40 ans, certains enseignants étaient clairement étanches aux nouvelles technologies et ne pipaient rien à ce que je leur demandais. D’où la décision de les mettre en situation avec l’outil pédagogique pour comprendre la vraie finalité, et la ca rentrait beaucoup mieux mine de rien.

Autour de ces activités propres à ma mission j’en ai quand même également profité pour échanger avec les locaux, profiter de certaines visites dans les villages alentours à la rencontre des marchés, des gens, des autres ONG qui oeuvrent constamment à la reconstruction du pays, aux représentants d’actions de mécénats telles que la fondation de France qui alimentent les actions des ONG. De riches rencontres qui m’ont montré que le pays n’est pas laissé à l’abandon et surtout que toutes les facettes de la remise sur pied d’un pays sont réellement en marche, du relogement des populations , à l’apport de nouveaux services (mise en place de salles de rencontres, de formations et de services informatiques dans les milieux ruraux) jusqu’à l’aspect culturel (mise en place de locaux pour les artistes et promotions des œuvres au niveau des caraibes et de l’international) et alimentaire (etudes autour de la pisciculture dans le sud du pays réalisées par une ONG espagnole AIDA qui utilisait les mêmes locaux que ceux de Planete Urgence à Jacmel, mon point de chute du we).

Autre point positif, l’ouverture des gens avec qui je travaillais et qui me donnaient une autonomie complète sur ma facon de travailler, ils ont même été assez cool pour m’accompagner faire une rando sur un site de cascades et bassins à 1h du site de travail. Ils étaient tellement heureux quand on est parti à 7h du mat pour une rando de 2h J

Et enfin le truc top c’était que je me retrouvais à Jacmel quelques semaines avant le carnaval local, j’ai donc pu assister pendant 2 week ends aux préparatifs : création des masques et des chars, jeux locaux avec notamment le juif errant. Grosso modo c’est un gars avec un déguisement mi militaire, mi curé avec une longue barbe (postiche of course) qui déambule dans les rues et qui à des moments pète un plomb, court dans la foule chope un type au hasard et lui ordonne de faire quelque chose pour lui. Et si le gards veut ben il le fouette (gentiment bien sur). Cela crée des jolis mouvements de foule auxquels j’ai pu participé. Malheureusement je n’aurais pas pu participer au carnaval et apparemment c’est quelque chose, un joli sacré bordel dans les rues de jacmel pendant 3-4 jours.

J’ai également pu servir de reporter photo lors d’une formation dans un lycée de Jacmel sur les pépinières. Formation réalisée par un expert francais plus des représentants d’Opadel. 2h passées en compagnie du classe d’étudiants à leur présenter le fonctionnement d’une pépinière, à trier des graines d’acacias, de cotonniers, de tamarin…juste top.

Bref encore une bien belle expérience loin de notre cadre de vie et de notre vision occidentale.

Petit bémol sur le retour vers la France ou j’ai failli emplafonner les responsables de British Airways + Insel (compagnie locale) tellement c’était nawak. Mais au final bien rentré et toujours autant motivé pour un prochain congé solidarité en 2013 année de la fraise. Après ce petit saut caribéen, un petit saut en afrique sub saharienne me plairait bien. A voir et à réfléchir cette année. On refera mijoter les ingrédients en fin d’année pour voir quelle nouvelle recette on va pouvoir en tirer.

Ci-dessous le petit glossaire/anecdote de mon séjour.

Insel : compagnie caribéenne qui a du mal à reconnaitre ses tords

Miami : ville du sud est des états unis ou j’ai passé plus de temps que prévu. Vu d’en bas c’est sympa. Vu d’en haut c’est très sympa

Chien :

Sécurité : terme somme toute relatif en fonction que l’on se trouve en ville ou en campagne et du moment de la journée. Ex : en ville de nuit = pas bien. Mais bon cela n’a pas empeché qu’une femme se fasse cribler de balles dans un village à côté du mien pendant que j’y étais. Mais bon les querelles locales restent entre locaux.

Choléra : version costaud de notre gastro locale. En 4h la gastro te couche, en 4h le choléra te flingue. Je peux vous dire que j’ai fais gaffe avec l’hygiene la bas J

Moustique : saloperie volante

Chien : animal qui te suit jour et nuit, à travers rivières et sentiers dès lors que tu lui a donné un peu d’attention et un bout de pain.

Mangue : petit dej de Jacmel

Mizik : musique locale caribéenne

Blanc ! : moi

Comment ou yé ? : Comment ca va ?

Mwé pa rélé blanc, mwé rele tibo : je m’appelle pas blanc, je m’appelle thibault. Phrase que j’ai du sortir 100 fois en 2 semaines

Bassin bleu : lieu de toute beauté à 1h de marche de la Montagne

Mamoune : Cuisinière et gérante d’un magasin…à l’intérieur de sa maison

Groupe électrogène : unique source d’électricité en campagne

Clef 3G : Petit bout de plastique que l’on insère dans son ordinateur et qui permet de récupérer un mail en 15 minutes. Le jour ou j’ai du créer 12 adresses gmail pour une classe de lycéen, j’ai cru atteindre le nirvana de la patience, mais non ce n’était que le silverchair de la patience, le nirvana fut le jour ou j’ai du les former à l’utilisation de gmail. 12h30 : ‘Alors la vous cliquez sur connecter’. 12h45 : ‘Donc la, la page s’affiche’ 12h50 : ‘okééééé, on va peut être tenter d’envoyer un mail, ou on fait ca demain, c’est vous qui voyez’

Religion : catholique ou vaudou bien que ce dernier peut êtreplus décrit comme une culture, un héritage, une philosophie, un art, des danses, un langage, un art de la médecine, un style de musique, une justice, un pouvoir, une tradition orale et des rites. D’un côté la religion catholique et les phrases d’amour pour dieu sont placardées un peu partout, surtout sur les véhicules (je comprends pourquoi maintenant au vu de leur conduite et de l’état des infrastructures routières) d’un autre côté le vaudou passe incognito et est pratiqué dans des zones reculées et le moins possible de la vue des gens.

Hélicoptère : moyen de transport du président haitien

Bidonville : Majorité de Port au Prince

Barbancourt : rhum local qui déchire